Une année sur la route

20 janvier 2013 – 20 janvier 2014, déjà une année sur les routes ! Quand on revoit nos premières photos, ces premiers mois de voyage nous paraissent si lointains… On a presque du mal a croire que c’est bel et bien le même voyage, la même ligne que l’on trace derrière nous, petit à petit. On voulait voyager pour ralentir le temps : c’est réussi !

Petit récapitulatif : ou étions-nous le 20 de chaque mois ?

En un an, on a…

  • parcouru :
    13 972 km à vélo (en rouge sur la carte) et
    7 400 km motorisé, dont :
    – 3 400 km en train (Kazakhstan et Chine)
    – 2 500 km en car (Chine)
    – 900 km en camion-stop (Ouzbékistan)

    – 600 km en bateau (mers adriatique et caspienne)
  • pédalé dans 15 pays
  • dormi :
    – 163 nuits chez l’habitant (réseaux internet et demandes d’hospitalité en direct)
    – 142 nuits en bivouaquant (pleine nature, jardins ou « a l’arrache »)
    – 51 nuits en payant (hôtel, dortoir, camping…)
    – 9 nuits dans les transports (bateau – dont 4 à l’arrêt ! -, train, car)

Liasse de sums

  • passé 2 frontières en bateau et 13 à vélo
  • jonglé avec des euros, des lek et des kip, des lira et des lari, des sum et des som, des tenge, des yuan et des manat, des somoni des riel et même des dollars !
  • appris un peu d’italien, des bribes d’albanais, un soupçon de grec, pas mal de turc, un rien de géorgien, assez de russe, 3 mots de chinois, un brin de vietnamien et un chouia de lao.
  • roulé au milieu des chiens, des vaches, des cigognes, des tortues, des poules, des canards, des cochons, des huppes, des chiens, des chèvres, des rolliers, des ânes, des loriots, des chameaux, des dromadaires, des martins tristes, des marmottes rousses, des chevaux, des brebis, des chiens, des yaks, des buffles, des guêpiers, des rats, des zébus, des serpents, des chiens, et d’un grand nombre d’insectes bizaroides, de papillons colorés, d’oiseaux non identifiés.
  • traversé le bosphore a vélo, campé dans le fond asséché de la mer d’Aral et passé un col a 4655 m.

On s’est confronté a beaucoup de cultures différentes. On doit vous avouer qu’on était parti plus attiré par la vie en autonomie dans la nature que par les rencontres, a cause de la peur d’être déçu par l’Homme. Du coup, même si effectivement des fois c’est dur (quand par exemple on nous dit non alors qu’on demande simplement a mettre la tente, etc, et que merde alors, tout le monde est con), la bonne surprise a été la quantité d’excellentes rencontres. Surtout les nombreuses soirées immergé chez des gens, ou l’on pratique la langue et l’on découvre comment ils vivent. Et quand on est la, a l’intérieur de la maison, on a la sensation d’avoir réussi a franchir une barrière, de ne plus être simples spectateurs passant sur la route mais d’avoir réussi a être intégrés. On réalise alors combien les rencontres, en fait, c’est ce qui nous plait :)

Chez une famille Zhuang en Chine

On a rencontré beaucoup de cyclo-voyageurs, avec qui on a partagé nos expériences, échangé de bons conseils, continué a rêver de la suite… (et aussi critiqué régulièrement les autres formes de tourisme. Un symptôme qu’on retrouve chez tous les cyclos ! Mais faut pas trop nous en vouloir, voyager a vélo c’est pas des vacances, et on a peut être besoin de se rassurer en regardant tout ce que ça nous apporte malgré les difficultés ?) On a aussi rencontré avec grand plaisir quelques voyageurs sac au dos, a moto ou en voiture. Partis avec des idées assez arrêtées sur les types de voyage qui nous plaisaient ou non, chaque rencontre nous a ouvert sur tout ce qui était possible et beaucoup de ces rencontres nous ont fait largement évoluer sur nos envies !

Et alors, quel pays vous avez préféré ?

Question récurrente ! Au risque de vous déplaire, on ne va pas réussir a y répondre. Et non, on n’a pas d’élu, faut pas se leurrer, y a pas de pays parfait. Pour la communication et donc les rencontres, on a mieux savouré la Turquie (avec sa langue a la grammaire si régulière et logique, et a la prononciation si facile), ainsi que les pays d’ex-union-soviétique (5 mois pour pratiquer le russe, on s’en tire forcement mieux). On a adoré les bivouacs dans les montagnes sauvages du Kirghizistan, les invitations quotidiennes pour un thé en Turquie, les rencontres intenses en Albanie, les sourires des Laos, la nourriture géorgienne… Chaque pays nous a offert son lot de belles rencontres et de découvertes, mais aucun ne détient le record dans toutes les disciplines.

Un souvenir inoubliable ?

Matthieu : dans le désert ouzbek, quand on quitte la route pour rejoindre la mer d’Aral. On avance dans cette immensité déserte et soudain on atteint le bout du plateau, nous laissant découvrir dans une superbe lumière de coucher de soleil, en bas de la falaise, le fond de la mer d’Aral asséchée… un grand moment d’émotion.

Sara : au Kirghizstan, à la fin d’une interminable montée sur une piste bien caillouteuse pour atteindre le lac Song Kol, je pousse mon vélo à bout de souffle, mais j’arrive tout de même à saluer d’un sourire le berger gracieusement perché sur son superbe cheval. Il me lance : устала ? (fatiguée) je réponds да, трудно ! (oui, c’est dur !). Et voila qu’il descend de son cheval, m’invite a prendre sa place, et pousse mon vélo jusqu’au col. C’est la première fois de ma vie que je monte à cheval, j’en avais rêvé en bouquinant les guides a Avignon un mois avant le départ, et voilà que ça se passe. Et ça dépasse toutes mes espérances, je jubile, et rejoins fièrement Matthieu au pas, ne cachant pas ma joie aux deux randonneurs suisses qui arrivent depuis l’autre côté ! Cet instant de bonheur m’a figé le sourire pendant deux jours au moins, parait-il !

Bon, c’est bien beau tout ça, mais on avoue, après un an a bourlinguer, un certain nombre de choses de notre vie sédentaire commencent a nous manquer. Pour certaines on s’y attendait, pour d’autres moins. En premier lieu, et sans hésiter, c’est vous, nos proches – famille et amis – qui nous manquez le plus. On a beau avoir une vie sociale bien remplie et collectionner les rencontres inoubliables, une rencontre d’un jour, ça ne remplace pas les amis de toujours ! Et en vrac, ces petites choses simples de notre vie d’avant qui commencent à nous manquer :

Sara : la douceur de nos petits déjeuners sucrés, le confort de nos toilettes où il fait bon lire, le pain frais, le fromage, la cuisine au four en général et les fondants au chocolat en particulier, le rayon BD de la bibliothèque, et l’accès illimité a internet, les bons petits films en fin de soirée, et bouquiner dans le canapé, manger a table a une hauteur bien confortable, et, allez, j’avoue… mes fringues (ça, ça fait partie des choses que je ne m’attendais pas…)

Matthieu : une bonne tartine de pain frais, pouvoir me prendre un thé ou un café à tout moment, me perdre dans les tréfonds de Wikipédia des que je me pose une petite question, avoir toujours un abri pour se protéger du vent du chaud de la pluie ou du froid, lire un vrai livre avec des vraies pages et tout, une chaise, le fromage et la botanique… Écouter de la musique m’a beaucoup manqué jusqu’à ce qu’on s’équipe d’un smartphone au bout de 8 mois de voyage.

Sous la pluie… pour nous, le mauvais temps est une des principales difficultés.

Et parfois, on en a marre. Marre de devoir chaque jour trouver un endroit ou dormir. Marre de galérer a manger parce qu’on ne connaît rien, marre de ne pas connaître les habitudes, de ne pas pouvoir parler. Marre d’être toujours l’étranger. Celui qui ne comprend rien, qui est différent et qu’on dévisage. Marre de ne pas avoir de chez soi. Marre de compter nos sous en permanence parce qu’on vit sur un budget arrêté et que de nos dépenses dépendent ce qu’on pourra faite ensuite.

Et alors, vous ne songez pas a rentrer ?

Malgré tous ces manques et toutes les difficultés que l’on peut rencontrer, pour l’instant on est encore motivé pour continuer. Peut-être parce qu’il y a aussi tout un tas de trucs qu’on est pas encore prêts a retrouver, et tout un tas de bonnes choses qu’on n’a pas envie de déjà quitter :

Sara : parce que je n’ai pas envie de renouer avec le réveil matin, et que c’est si bon de s’offrir des nuits de 12 heures sans culpabiliser, parce que j’aime nos toilettes aux vues panoramiques spectaculaires, et parce qu’on fait quand même de belles découvertes culinaires (de temps en temps ;) parce que c’est bon de se faire surprendre quotidiennement, parce qu’après la pluie vient toujours le beau temps, parce que ça calme ma peur du temps qui passe, et que « plus de boulot », c’est aussi « plus d’angoisse » (lire « plu » et non « plus » évidemment ;).

Et parce que dans le fond, il y a plein de bonnes raisons pour poursuivre l’aventure :

Matthieu : ce sentiment si agréable d’avoir fait le bon choix. Celui de vivre quelque chose de fort. Cette liberté énorme que me procure mon vélo. Ce rythme, cette envie inaltérée d’aller toujours plus loin. Tous ces horizons nouveaux, ces petites découvertes de tous les jours. Le petit stress toujours présent pour la suite, et la grande satisfaction d’avoir réussi quand on regarde derrière nous.

Alors, l’aventure n’est pas terminée ! A bientôt !

23 Responses to Une année sur la route

  1. Myriouf says:

    merci pour le partage :) ça fait plaisir de lire ce bilan :)
    je crois que dans la liste des animaux, vous avez oublié les chiens!

    • Sara says:

      Lol :D N’empêche qu’ils nous font même plus peur maintenant ;) on est devenu spécialiste en psychologie canine ^^

  2. Papa stephane says:

    J’espère bien que votre aventure n’est pas terminée, à moins que vous ayez envie de retrouver : le froid, la neige, les manifs pour ceci contre cela … Bref, La morosité française dans toute sa splendeur. Continuez à partager vos joies, vos galères, vos photos … Faite un bisou à Stéphane Manue et Annie

    • Sara says:

      Merci ! On a dîné avec stephane, manue et annie le 31 janvier pour mon anniversaire, a siem reap. Ils m’ont même offert une tablette de chocolat directement venue de France ! Bonheur suprême !

  3. hujjo says:

    Double merci de Myriouf ! Mais détrompe-toi, les chiens ils ne les ont pas oublié ! Ils sont mis au premier plan !
    Mais vraiment, merci de tout ce que vous nous offrez ! ça nous permet de nous évader nous aussi pendant quelques dizaines de minutes de ce que vous avez quitté.
    Et vraiment quelle fierté j’ai quand on me dit : « elle fait quoi ta sœur ? » –  » Le tour du monde à vélo, elle est partie il y a un an et a quitté la chine il y a quelques semaines ! »
    Bonne continuation et bon anniversaire !

    • Sara says:

      Oh, merci beaucoup, ton comm’ nous a trop touchés. On s’en souviendra dans les moments durs :)

  4. Deplanques Michel says:

    Bonjour a vous deux ,vous vivez-là ce que certains ont pensé ont rêvé vous vous le réalisez , une aventure comme -çà vous vous en souviendrez , vous vous la raconterez ,et vous nous la racontez tout-çà c’est magique c’est un rêve de vous suivre et quand je parle de vous de votre voyage mes amis me disent tu les connais ,je leurs répond uniquement par leur aventure et je suis content de raconter ce que vous vivez

  5. anne-laure says:

    Coucou ! merci pour tous ces articles :) c’est super depaysant et ca doit être tres sympa de voir les différentes façons de vivre d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre ! J’imagine que vous racontez surtout les meilleurs moments et qu’il y a des jours plus difficiles que d’autres. En tout cas bon courage pour la suite, et je pense que c’est au moment où on pense à partir vers un autre projet qu’on profite encore plus des dernières semaines, en ce disant qu’après ce ne sera plus tout à fait pareil, et qu’on ne le refera pas tout de suite ( mais ds qq années, pourquoi pas ? ;)
    Donc profitez bien avant de partir en nouvelle zélande !
    Moi j’essaie de suivre vos aventures sur mon téléphone pendant qu’ethan tête où essaie de dormir ( on s’adapte comme on peut ;) )
    À bientôt !

    • Matthieu says:

      C’est sûr qu’il y a des moments difficiles (surtout depuis la Chine). Ce n’est pas qu’on veuille embellir artificiellement mais comme on écrit en décalé, avec pas mal de recul, on a naturellement tendance à minimiser les difficultés et mieux se rappeler les bons instants. Si on était plus connecté et qu’on écrivait a chaud, c’est certains qu’il y aurait plus de coups de gueule ou de blues. Faudrait faire une compile ;)
      Moi j’écris sur notre nouveau smartphone, ça y est on est conquis !
      Bisous a Ethan !

  6. C’est vrai que ça manque de pouvoir lire dans ses chiottes… Je pensais pas dire ça un jour tiens… Stéphane

  7. Claire-Marie says:

    Bonjour,

    Je suis arrivée sur votre blog par celui de Manue et Stéphane, et c’est un vrai plaisir de vous «rencontrer», de goûter vos récits ! Je me retrouve beaucoup dans votre philosophie et votre façon de voyager, voir les événements… 5 ans après notre voyage, ça fait vraiment du bien de vous lire !!

    Peut-être que nos routes se croiseront un jour !

  8. hujjo says:

    En ce 10 février, un joyeux anniversaire à notre bourlingueur préféré !

  9. Ananas says:

    Joyeux anniversaire Matthieu !!!
    Vu que vous me manquez et le soleil aussi je serais bien venue fêter ton quart de siècle avec vous…mais bon !
    Par contre le 4 avril j’irai au concert de Maxime Leforestier à Rodez et puisqu’il est né aussi un 10 février j’aurai une pensée pour toi !
    Gros bisous !

  10. Ananas pour Philippe et Laurence says:

    De la part de Philippe et Laurence (grands-parents de Matthieu) :
    Bon anniversaire Sara (avec excuses pour le retard…) !
    Bon anniversaire Matthieu !

  11. béné says:

    Il est beau cet article, le bilan de la première année est chouette, je pense souvent à vous, c’est génial ce que vous faites et je trouve ça très courageux. Vous pouvez être fière de vous, c’est une aventure superbe et je suis très contente de la vivre avec vous à travers ce blog.

    • Sara says:

      Merci béné ! Ça me fait bien plaisir de voir que tu nous suis si fidèlement depuis maintenant plus d’un an ! Des bisous aux troyens !

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